Dimanche prochain, dimanche autrement
Bonum vinum laetificat cor hominum, disait mon grand-père paternel
Bonum vinum laetificat cor hominis : Le bon vin réjouit le coeur de l’homme.
Certains en ont fait des chansons, à boire bien sûr. Voir ici ou entendre là.
Le proverbe est tiré d’un passage de la bible (Livre de Ben Sirac 40,20), dont le véritable texte est: Vinum et musica laetificant cor : Le vin et la musique réjouissent le cœur, et le texte ajoute : et plus que tous les deux, l’amour de la sagesse.
Seulement voilà : si on habite en Gironde on a tous entendu parler des déboires d’un bon nombre des viticulteurs et de la difficulté de leur travail ; des préoccupations qu’ils ont pu avoir cette semaine encore devant la menace du gel, heureusement très limité chez nous. Mais il y a aussi tout le travail fait en amont et en aval, pour cultiver la vigne, vendanger, élever le vin et le vendre à un prix juste.
(J’ai vérifié que le vin de nos sacristies est un vin qui respecte les vignerons)
Dans ce travail, il y a l’émondage, Jésus en parle dans l’évangile de ce dimanche (Jean 15, 1-8). Mais dans l’évangile, c’est de nous qu’il s’agit. Dans tout l’évangile, s’il faut regarder Jésus c’est toujours de nous qu’il s’agit. Nous savons que, pour quelque projet que ce soit, il faut émonder. Il faut renoncer à certaines choses si nous en choisissons d’autres, et je ne parle pas seulement de choix financiers.
Pour faire du sport durablement et devenir médaillé olympique, il faute renoncer à faire la fête à n’importe quelle occasion et plus que ça encore. Pour se marier, il faut renoncer à être célibataire et prendre le risque de donner sa vie. Pour que des communautés vivent ensemble, il faut qu’elles renoncent à certaines particularités qui les referment sur elles-mêmes. C’est déjà une loi anthropologique, c’est aussi une loi sociologique et c’est souvent un appel évangélique, appel à enlever de soi ce qui empêche l’autre, ce qui empêche Dieu d’y demeurer.
Pour vivre un dimanche autrement comme nous les avons imaginés trois fois par an, il faut renoncer à la messe partout, prenant ainsi conscience de ce que vivent des catholiques en Afrique sans doute mais déjà dans le Médoc, le Sud Gironde, le Blayais, le Bassin d’Arcachon : faire plusieurs dizaines de km pour aller à la messe qui occupe alors, chaque dimanche, toute la matinée !
Mais là n’est pas le but d’un dimanche autrement. Le but, dimanche 5 mai, c’est d’accueillir des jeunes couples, c’est de nous tenir au courant de ce que devient notre paroisse, c’est de célébrer le Seigneur ensemble pour qu’il fasse de nous sa vigne, une vigne dont les sarments sont branchés sur le cep, une vigne généreuse, une vigne qui porte du fruit, un fruit qui réjouit le coeur de l’homme, une source de joie pour le monde.
Votre curé, Gérard Faure