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Huit jours…

Publié le 8 avril 2024

Homélie du dimanche de la Miséricorde 07 avril 2024

« Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison… »

Jean 20, 19-31

Huit jours, c’est le rythme hebdomadaire du rassemblement des disciples de Jésus. Rythme reçu de nos aînés dans la foi : nous nous retrouvons le dimanche, dans ce jour de repos pour Dieu et les autres. Nous célébrons le Jour du Seigneur.

Pour les disciples de Jésus, ce fut le premier jour de la semaine : c’est à cause de Jésus ressuscité, se manifestant la première fois aux disciples le soir du premier jour après le sabbat. Dans la foi, c’est, pour nous, la nouvelle création.

Jésus ressuscité est présent au milieu de la communauté rassemblée. Comme aujourd’hui.

La rencontre personnelle et communautaire avec Jésus vivant nous réconforte, nous unit, nous fortifie dans la foi et nous donne davantage de courage pour le service de la charité, entre nous, et tous ensemble, pour témoigner ensuite et exercer concrètement cet amour reçu de Jésus, pour vivre en disciples, en témoin, en acteurs pour changer ce monde en préparation du Royaume de Dieu.

Notre assemblée dominicale, à laquelle nous tenons, même si les nécessités parfois nous obligent à ne pas venir ou à rejoindre d’autres communautés, est vitale pour notre foi et pour le ressourcement de la mission partagée.

Les personnes fidèles empêchées, ne pouvant pas venir, sont en communion avec nous, et plusieurs d’entre nous assurent ce service de leur porter l’Eucharistie à domicile.

Ce que nous vivons dans cette célébration affermit notre foi, en nous faisons revenir à sa source. Cette source, toujours à notre portée c’est le don de Jésus, qui s’est offert pour nous et qui nous a ouvert le chemin vers la vie dans son passage par la mort, assumée par amour pour nous.

Jésus, se manifestant le soir du premier jour, et encore huit jours après, montre la source de la vie et de la paix qu’il nous donne : ses blessures et son cœur ouvert. C’est la source : vie inépuisable, miséricorde, amour qui nous rejoint en toute situation, que ce soit dans la joie, ou les difficultés, les épreuves, les défaillances, les doutes.

Dans ces deux rencontres, à huit jours d’intervalle, Jésus révèle la Miséricorde du Père qu’il communique, dans l’Esprit de Dieu. Il souffle sur eux, cet Esprit vivifiant, le souffle de l’amour créateur et re-créateur.

Il communique la paix, le pardon et la mission de transmettre le don reçu gratuitement. Ce don est actuel, pour nous, et sans cesse renouvelé. C’est le don de la Miséricorde. Comme l’apôtre Thomas nous aimons dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » ou, comme sœur Faustine : « Jésus, j’ai confiance en toi ! »

Jésus est là, présent pour nous. Nous croyons sans voir. Nous avons le témoignage de foi de nos frères et sœurs présents, nous gardons la mémoire du témoignage que nous avons reçu d’autres croyants, ainsi que les témoignages qui ont pu nous marquer, et toute la Tradition de l’Église l’atteste : « Jésus est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ». Il s’est manifesté.

Et ainsi, nous nous remettons en route pour continuer généreusement notre marche à la suite de Jésus, en portant avec d’autres le témoignage de l’amour de Dieu en toutes circonstances.

Ce rassemblement du dimanche réconforte notre foi.

La foi : comme Thomas, nous pouvons avoir des questions et mettre en doute le témoignage des autres. Il y a une réaction de prudence tout-à-fait raisonnable, une réflexion critique légitime. Cependant, il est honnête d’approfondir les témoignages, de réfléchir à ce que nous avons entendu et vu chez les personnes avec qui nous vivons. Nous demandons à Dieu la grâce d’ouvrir nos esprits et nos cœurs à tout ce que nous recevons.

L’expérience de Thomas, qui ne voulait pas croire en entendant ce que disaient ses amis, est utile pour nous.

Dans son doute, alors qu’il se retrouve avec les autres, huit jours après, il est bouleversé : Jésus, qu’il voit, le rejoint exactement dans son questionnement. Alors qu’il est encore emmuré dans sa douleur, Jésus a eu cette attitude extraordinaire pour lui. Il a deviné ses questions et l’a invité : « Avance ton doigt et vois mes mains. Avance ta main et mets la dans mon côté. » Il lui montre la source de la miséricorde : son cœur ouvert.

Et Jésus de lui dire : « Ne sois plus incrédule, sois croyant. » Sors de tes questions et fait confiance. On comprend alors, que Thomas ait pu s’exclamer, dans une profonde gratitude, et en humilité  : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » La belle profession de foi !

Alors, Thomas, notre jumeau (on pourrait dire notre semblable, dans son amour pour Jésus et dans ses difficultés à surmonter l’épreuve du doute) est devenu pour tous, et pour nous aujourd’hui, un témoin si encourageant.

Et Jésus a ajouté : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Nous qui n’avons pas vu, nous croyons ceux et celles qui attestent leur expérience dans la foi : Jésus nous rejoint aussi dans nos doutes, nos questions sur le sens de la vie, sur le mal qui l’a écrasé. Il nous relève moralement dans notre liberté de choisir la vie.

Nous croyons sur parole, sur témoignage : celui de Jésus, porté par celui des disciples.

Et le témoignage, qui peut nous toucher, révèle cette présence toujours actuelle du Ressuscité, malgré son absence apparente.

Le témoignage est surtout celui d’une communauté – comme la première communauté décrite de manière idéale dans les Actes des Apôtres –  dans l’union des cœurs, dans le partage des biens, dans l’attention fraternelle à tous et à chacun. C’est là que les Apôtres « témoignent avec une grande puissance de la résurrection du Seigneur Jésus. »

Durant ce temps pascal, ici, dans les conditions que nous connaissons et que nous supportons, notre attention fraternelle, avec notre engagement quotidien dans les humbles services, voilà qui est le plus fort témoignage. Là, le Seigneur vient nous rejoindre, il nous a même précédés et inspirés.

Dans sa miséricorde, il nous montre que nous comptons beaucoup pour lui – lui, le Sauveur de tous, lui qui veut que personne ne se perde.

Père Daniel Bertaud

Pour télécharger l’homélie, cliquer ici

(Image par Gerd Altmann de Pixabay)