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Deuxième homélie du quatrième dimanche de Carême

Publié le 14 mars 2024

Dimanche 10 mars 2024

Nous voici à mi-parcours de notre carême, commencé le mercredi des cendres, pour nous faire arriver bientôt aux célébrations de la Pâque de Jésus, avec le baptême des catéchumènes qui se préparent avec ferveur. Ce sera aussi, pour les baptisés, le renouvellement des engagements de notre baptême.

Durant ce carême, nous nous entraînons à vivre en vérité ce renouvellement, en approfondissant notre engagement à la suite du Christ, en reconnaissant nos défaillances pour retrouver par la prière, le partage, et le jeûne, une vie plus conforme à notre dignité de baptisés, d’enfants de Dieu, de frères de sœurs de tous.

Grâce aux catéchumènes, en particulier ceux de notre paroisse, nous retrouvons la signification du carême, ce temps de quarante jours, qui a été aménagé dans le calendrier de l’année liturgique pour accompagner les catéchumènes : après l’« appel décisif » (le 1er dimanche) où ils sont entourés de la communauté être pour répondre généreusement à Jésus qui les appelle par la communauté de l’Église, afin d’être vraiment éclairés par l’évangile de Jésus, en qui ils croient déjà. Nous demandons pour eux cette lumière du Seigneur qui les aidera à découvrir le chemin et à mieux reconnaître, en eux, les ombres qui demeurent encore, à progresser dans leur conversion qui sera célébrée et vécue dans le baptême lui-même et les deux autres sacrements de l’initiation : la confirmation et l’eucharistie.

Pour eux, chaque dimanche, il y a ce que l’on appelle un « scrutin », une prière sur eux, avec toute la communauté. C’est le moment pour eux de s’exposer à la lumière du Seigneur qui vient éclairer toute leur vie, et ce qui est encore à convertir, pour vraiment suivre le Christ et, aussi, se réjouir des lumières reçues.
Les futurs baptisés sont déjà dans cette lumière qu’ils acceptent, pour leur joie, et qui leur indique le chemin à poursuivre, en se laissant conduire par l’Esprit du Seigneur lui-même.

Mais, disant cela pour eux, nous savons qu’il s’agit, pour nous tous, de reprendre à notre compte ce chemin de conversion. Qui peut dire qu’il vit pleinement la consécration de son baptême ? Notre première conversion doit être reprise sans cesse. Nous avons, tous, à nous exposer encore à la lumière.
Alors, courage. Reprenons ce combat spirituel pour vivre dans la joie de Dieu, même et surtout au milieu des difficultés. Les futurs baptisés nous stimulent, d’autant plus que notre témoignage est attendu pour les encourager fraternellement sur le chemin vers le baptême, et surtout après, dans la communauté.

Les évangiles de chaque dimanche de carême (l’année A que nous suivons cette année à cause d’eux) balisent un itinéraire pour reconnaître Jésus, notre Sauveur, celui qui nous rachète, à grand prix. Ainsi de dimanche en dimanche, nous sommes invités à approfondir notre connaissance de Jésus :

  • le premier dimanche, Jésus poussé au désert, se révèle comme celui qui résiste à la tentation et retrouve l’harmonie de la création,
  • le deuxième dimanche, c’est un encouragement à suivre Jésus, en pensant à son chemin qui le conduira à donner sa vie, jusqu’à être livré, et crucifié, puis ressusciter : la lumière de sa transfiguration et la voix du Père encourage à l’écouter pour avancer avec lui vers la vie.
  • comme la femme de Samarie, dimanche dernier, nous sommes invités à être attentifs au désir de Jésus qui a soif de notre accueil, ainsi il peut nous donner d’accéder à la source d’eau vive et nous rendre témoins devant nos frères et sœurs.
  • aujourd’hui, quatrième dimanche, avec l’aveugle de naissance que Jésus ouvre à sa lumière, nous voilà disposés à nous laisser conduire pour une re-création qu’il opère sur chacun, si nous nous laissons faire par lui. Il avait fait de la boue avec sa salive et un peu de terre, et l’a appliquée sur les yeux de l’aveugle : geste symbolisant l’acte de création, en rapport avec le récit du livre de la Genèse.

Et Jésus lui dit d’aller se laver : c’est le geste du baptême justement, lieu pour nous de la nouvelle création, de la nouvelle naissance qui fait devenir enfant de Dieu.

Comme Jésus a opéré cette guérison le jour du sabbat (ce qui convient parfaitement, en référence au Dieu créateur pour lequel a été institué ce jour repos), les pharisiens, aveuglés par leurs principes, s’opposent à Jésus : cet homme qui fait ce « travail » le jour du repos, ne peut être qu’un pécheur. C’est ce qu’ils déclarent en renvoyant l’aveugle guéri, le considérant lui aussi avec mépris.

Et l’aveugle guéri, qui pensait alors que c’est un prophète qui lui avait ouvert les yeux, finit par rencontrer Jésus lui-même qui se fait reconnaître comme le Fils de l’homme. Cette expression, à l’époque, pouvait être comprise pour désigner le messie annoncé, évoqué jadis par un mystérieux « fils d’homme » recevant la force de Dieu lui-même qui sauve son peuple de la persécution et le fait revivre.

Jésus révélé à cet homme, se révèle aussi à nous comme le Sauveur. Nous sommes appelés à lui répondre « je crois ».

Pour nous tous, dans ce parcours du carême, en ces moments où nous portons beaucoup d’inquiétudes de situations dramatiques, si douloureuses dans notre monde, rappelons-nous que Jésus est vivant, il a triomphé du mal et de la mort. Il vient vers nous. Il nous communique sa propre force d’aimer, de donner, de témoigner. Acceptons de nous laisser conduire par lui, à travers toutes les épreuves, pour en sortir, unis à lui dans nos actions pour la paix, pour le service et la réconciliation, dans tous les engagements, à poursuivre dans l’espérance.

Que nous soyons vraiment avec lui. C’est lui qui, par son Esprit, nous fortifiera encore pour témoigner de lui, même auprès de ceux qui n’ont pas encore été touchés par sa lumière. L’encouragement de Saint Paul, dans la Lettre aux Éphésiens, prenons-le aussi pour nous :

« Réveille-toi, ô toi qui dors, relève – toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera ! » (5, 14)

Père Daniel Bertaud