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Homélie du dimanche de la Pentecôte 2024

Publié le 21 mai 2024

« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité toute entière »

Aujourd’hui, nous fêtons la Pentecôte. Nous nous rappelons qu’en ce jour, l’Esprit-Saint est venu sur les apôtres et les disciples, à Jérusalem et que depuis toujours, il conduit l’Église et chacun de ses membres.

Cinquante jours, après Pâques, cette grande fête évoquait la libération du Peuple de Dieu et la sortie d’Égypte. C’était aussi au moment des moissons.

Il y avait plus précisément le rappel du don de la Loi au Sinaï, ainsi que le don des récoltes avec les moissons, en cette terre qui leur avait été promise.

Ravivons, nous aussi, la mémoire de ces évènements fondateurs : après plusieurs jours de marche de cette horde de fuyards et le passage miraculeux de la Mer Rouge, ils sont devenus un peuple. Rassemblés au pied de la montagne, ils ont reçu par Moïse la Loi, c’est-à-dire l’ensemble des obligations vitales pour entrer dans l’Alliance, cette Alliance que Dieu lui-même, selon le témoignage de Moïse, a donné à ce peuple.

Depuis, cet évènement fondateur était célébré d’année en année, depuis plusieurs siècles, pour actualiser leur engagement dans l’Alliance. Ce peuple choisi, qui a connu tant de tribulations, réussites et épreuves, vivait chaque année ces fêtes qui lui rappelait la fidélité de Dieu et son propre engagement à renouveler. La Pentecôte était aussi la fête des moissons en ce pays dont ils cultivait la terre, conscients du don qui leur avait été fait. Une fête d’action de grâce, pour les dons de Dieu : son alliance appelant l’observance d’une Loi, et les bienfaits de la terre.

C’est dans ces circonstances que les disciples de Jésus, qui venaient d’être réconfortés par les rencontres avec Jésus ressuscité, après l’épreuve si douloureuse de son arrestation, sa condamnation, son rejet, ses souffrances, l’abattement d’avoir perdu leur maître, sans oublier la peur de l’insécurité où ils se trouvaient eux-mêmes, risquant à tout moment d’être arrêtés, et condamnés eux-mêmes et subir le même sort.

Et voilà qu’après ces jours d’angoisse, puis de réconfort dans les visites de Jésus vivant, qui les faisaient entrer dans l’intelligence des Écritures, il leur avait signifié qu’ils ne le verraient plus, tout en promettant d’être avec eux jusqu’à la fin du monde. Jésus leur avait recommandé de rester à Jérusalem et d’attendre que qui leur était promis.

Ils sont donc restés ensemble. Ils ont prié, avec la Mère de Jésus, rassemblés dans une maison, restant prudents sinon apeurés. Et voilà que ce jour de fête de Pentecôte, durant lequel il y avait beaucoup de monde à Jérusalem, il se fit un grand bruit qui les fait repérer par tout le voisinage. Et ils sortent, alors qu’ils viennent d’être saisis dans une grande lumière, comme propulsés dehors par un vent violent pour témoigner enfin et parler de cette nouvelle étonnante : ce Jésus qui a été tué, il est vivant et il nous appelle.

Mais ils avaient au cœur cette certitude que c’est Jésus vivant qui leur envoyait son Esprit. Ainsi, cette lumière les avaient rejoints, chacun, comme des langues de feu, signifiant leur prise de parole. L’Esprit qui leur faisait tout comprendre, leur donnait l’enthousiasme pour parler et témoigner.

C’est un Esprit de feu, qui les faisaient parler sans peur et témoigner de l’action de Dieu. Et tous ceux qui étaient là, dans les rues, se sont approchés et ont été étonnés et saisis de les entendre parler et de les comprendre dans leur propre langue. Miracle de la vérité de la Bonne Nouvelle qui rejoint chacun dans son humanité. L’Évangile est pour tous.

Et les disciples se Jésus, apeurés, puis bousculés et enthousiastes, ont été éclairés par l’Esprit : ils sont devenus témoins, et conduits désormais par cette Esprit de lumière et de force, ils continueront à annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’aux limites du monde.

Ainsi la promesse de Jésus, au cours de son dernier repas, se réalise : « quand il viendra lui, l’ Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité toute entière ». Et cela continue de se réaliser pour nous, dans les moments que nous vivons. Et notre chemin vers la vérité n’est pas terminé.

Oui, si dans la foi, nous sommes touchés par la rencontre de Jésus vivant, nous voilà invités à prendre son chemin, à le suivre dans ce qu’il nous dit sur le sens de notre vie. Et l’Esprit lui-même nous éclaire sur ce que nous avons à faire pour vraiment témoigner de la vérité en toute situation.

Laissons-nous conduire par l’Esprit, dans notre vie personnelle, dans nos rapports avec les autres, en famille, avec les personnes rencontrées, avec tous.

Laissons-nous conduire par l’Esprit pour vivre en vérité ce que nous sommes, mieux comprendre ce que nous avons à faire, pour vivre selon l’Évangile et en témoigner.C’est l’Esprit qui continue d’éclairer notre discernement sur des situations parfois compliquées ou dans nos incertitudes et hésitations. C’est l’Esprit qui redonne joie et confiance pour persévérer les engagements, et la fidélité aux devoirs quotidiens.

Laissons-nous conduire par l’Esprit. Apprécions justement « les fruits de l’Esprit », comme saint Paul les énumère dans sa lettre aux Galates : « Amour, Joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ».

Dans le combat intérieur, que nous connaissons tous, il y a encore cet écartèlement, entre les tendances égoïstes et la générosité dans l’amour de Dieu. Mettons-nous donc, encore, à l’écoute de l’Esprit : lui, l’Esprit nous réconfortera toujours, nous redonnera le goût et le désir d’agir, avec la volonté plus affermie d’ « aimer en actes et vérité ». Il nous communiquera sa confiance, présentement et en toutes circonstances.

Puisque nous faisons déjà l’expérience que c’est l’Esprit qui nous fait vivre, « marchons donc sous la conduite de l’Esprit ».


Père Daniel Bertaud