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Liane 5 n° 139 Dimanche 12 mai 2024

Publié le 13 mai 2024

Ce dimanche, dimanche autrement

Présence-Absence

Nous croyons qu’il est absent. Au cours de notre vie nous pensons trop souvent que Dieu est absent. C’est peut-être ce qui arrive aux apôtres quand deux hommes leur disent : « Pourquoi restez-vous-là à regarder le ciel ? » Actes des apotres 1,11 .

Ne regardez-pas, il n’est plus visible ! Notre foi repose sur celle de St Jean dans le tombeau vide : « il vit et il crut ». (Jn 20,8)

Quand quelqu’un nous manque, suite à une absence provisoire comme un long voyage ou définitive en cas de deuil, nous cherchons des produits de substitution, mais notre recherche est vaine : une image, un objet, une musique pourront évoquer l’absent, pas le remplacer. Il nous faut alors garder notre peine sans la cultiver et trouver, ou plutôt accueillir une union spirituelle, sans doute ce que nous appelons la communion des saints. Mais là aussi, puisque nous sommes dans la foi, les signes manqueront. C’est ce que les spirituels appellent la nuit des sens.

Un jour à la chapelle des P. Carmes de Segovia au tombeau de San Juan de la Cruz, des lycéens m’ont demandé de lire le poème la nuit obscure.
« – Pourquoi ne le lisez-vous pas vous-mêmes ?
– On ne comprend pas très bien.
– ça me rassure, moi non plus !
– Lis-le quand même, parce que c’est beau. ça dit quelque chose qui est sans doute vrai. »

« Mais c’est de nuit », dit Saint Jean de la Croix. Nous irons vers la source, mais c’est de nuit, seul le désir de trouver Dieu éclaire notre route. (Pardonnez-moi d’oser cette paraphrase sans doute trop faible !)

On peut rajouter des bibelots sur nos étagères, ils ne remplaceront pas l’absent, quel qu’il soit. On peut encombrer nos églises de statues, de croix, de chansons niaises ou quoi que ce soit d’autre, rien ne vaudra l’acte de foi qui nous ouvre à la rencontre, par la grâce de l’Esprit Saint. Seul l’amour peut nous guider, mais c’est de nuit.

Alors, pourquoi les sacrements ?
Parce que le Seigneur connait notre faiblesse. Il nous donne l’Église pour éviter nos errements. Celui qui s’en dispense est bien fort, à moins qu’il ne soit orgueilleux, pour garder tout seul la foi en Dieu. Les mystiques le savent bien. Saint Jean de la Croix nous ramène à la contemplation du Jésus de l’évangile, la tête du corps qu’est l’Église, en qui tout est dit même si nous sommes loin d’avoir tout accueilli. 
Soyons-en sûrs, visible ou non, Dieu est présent, c’est nous qui sommes absents. Mais, même ainsi, sa présence nous fait du bien.

Votre curé, Gérard Faure

De noche iremos, de noche que para encontrar la fuente sólo la sed nos alumbra  (Lien musical)

 (De nuit, nous irons de nuit, mais pour trouver la source seule la foi nous éclaire)