Homélie de Mgr James à la messe du dimanche 29 / 09 / 2024
Nouvelle année scolaire et universitaire ! Nouveau curé ! Mais quels textes pour son installation ! Ils sont radicaux. On a tellement l’habitude de penser que Jésus est le gentil bon berger. Alors, c’est la surprise. Oui, Jésus peut hausser le ton. Bien sûr la gentillesse, c’est bien et nécessaire. Mais être chrétien, ce n’est seulement être gentil. C’est ne pas supporter l’injustice, détester notre lâcheté. C’est râler et espérer et s’impatienter et recommencer et prier : parler à Dieu face à face et sans peur. En un mot, c’est avoir un cœur de feu. Je vous souhaite cela Père : Un cœur de feu ! Comme Saint Vincent de Paul, patron de cette paroisse, au cœur brûlant d’amour pour le Seigneur et pour les gens pauvres ou riches. Un cœur de feu pour nous paroissiens et étudiants ! On sait que le curé (curare) est là pour prendre soin avec les paroissiens : prendre soin des gens de ces quartiers de Bordeaux, prendre soin de la communion fraternelle, prendre soin des célébrations. Ce sont les trois orientations que le Pape donne à la paroisse et au curé.
Prendre soin des gens du quartier. Oui, la paroisse est « une présence ecclésiale sur le territoire ». La paroisse s’appelle St Genès-Nansouty, quartiers de Bordeaux. Dans ces quartiers, à quoi sont appelés les paroissiens ? Reprenons l’Évangile. Saint Jean, un fougueux, se rebelle parce qu’il voit une personne agir sous l’impulsion de l’Esprit : il n’est pas des nôtres ! Et Jésus intervient fermement : ne l’empêchez pas ! Celui qui n’est pas contre nous, est pour nous ! Le Dieu auquel nous croyons, ne chasse pas les gens ! Il se réjouit de ceux qui font du bien, même s’ils ne sont pas du groupe ! Car il veut la rencontre. Il vient au-devant des gens ; il parle avec eux, il voit les épreuves de maladie des uns, les questions sur leur avenir des plus jeunes. Il est là au milieu d’eux. Eh bien voilà notre mission ! Les paroissiens, c’est Jésus, les yeux de Jésus, les oreilles de Jésus, la bouche de Jésus, le cœur de Jésus dans nos rues et nos cages d’escalier ! Voilà une paroisse : pas simplement l’église Ste Eulalie et les autres, mais les maisons où des chrétiens sont présents. Et ça se vit comment ? Par des cœurs brûlants d’amour, non pas en rasant les murs et en baissant la tête : mais au hasard d’une rencontre dans la rue, en évoquant où se passe la catéchèse, en organisant la fête des voisins. « Cultiver la rencontre, nous dit le Pape François, se mélanger, se prendre dans les bras, se soutenir, sortir de soi-même pour s’unir aux autres nous fait du bien ».
Et alors se développent des fraternités chrétiennes de quartier. Prendre soin de la communion fraternelle Je n’oublie pas une maman rencontrée après un terrible deuil : son mari avait été tué dans un accident de voiture. Elle se retrouvait, seule, avec ses 4 enfants encore petits. Je la rencontre à la messe, le dimanche après l’enterrement. Je lui demande comment elle réussit à tenir. Elle me dit : « heureusement, il y a la paroisse ! » Les gens avaient organisé la garde des enfants, c’était concret. Ou cet étudiant pendant le covid : « il y avait l’aumônerie, ma planche de salut ! » Voilà la beauté d’une paroisse, « lieu de charité généreuse et de communion vivante », nous le dit le Pape François. Je comprends mieux alors les paroles choquantes de Jésus ! Il parle de couper, d’arracher. Qu’est-ce que cela veut dire ? Surtout pas nous mutiler ! Mais si nos pas nous portent vers le mal, arrêtons-les. Si nos mains nous poussent à mal faire, retenons-les. Vouloir le bien, être un peuple ardent à faire le bien ! Quelle joie quand, au lieu de fermer les mains, nous les ouvrons vers les autres et vers Dieu. C’est la joie des cœurs ouverts. Et il y en a dans cette paroisse : la société Saint-Vincent-de-Paul, le centre Saint-Nicolas et tant d’autres ! Et l’aumônerie ! Mais il y a aussi des différences ! Différences de conditions sociales, d’âges, de sensibilités ; différences entre paroissiens de toujours, nouveaux venus, étudiants de passage. Comment vivre nos différences ? Saint Jacques nous propose un moyen : mettre nos richesses au service les uns des autres. Les richesses sont faites pour être partagées, pas seulement nos richesses matérielles : l’un est doué en chant, l’autre est capable de s’occuper des enfants, des jeunes couples pour le mariage, un autre de s’occuper de l’entretien de l’église, ou de dire un beau message à l’occasion d’un enterrement, l’autre de favoriser les liens entre paroisse et aumônerie. Et le rôle du curé avec l’équipe d’animation pastorale, c’est de repérer ces talents, pour que tous aient leur place. Je remercie ceux qui acceptent une mission dans la paroisse ou l’aumônerie : et il n’y a pas de petite mission ! Prendre soin de la paroisse avec le curé.
Mais comment vivre cela ? Dernier mot du Pape : la paroisse, c’est le lieu de l’adoration et de la célébration ! Impossible d’être chrétiens sans le Seigneur accueilli dans la prière, les célébrations à l’église : merci de vivre de belles célébrations, joyeuses, festives. Cher Père Jean, avec les autres prêtres et diacres, avec votre cœur de feu, célébrez les sacrements. Nous allons nous les rappeler dans un instant. Et ensemble, prêtres diacres, consacrés, laïcs accueillons les dons que le Seigneur nous fera : dons de force, d’unité, de paix qu’il nous fait à chaque célébration dominicale. Il prend soin de nous. Amen.
Pour télécharger l’homélie, cliquer ici