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La peur de la mort

Publié le 2 novembre 2024

Homélie du Jour de la Toussaint 2024

La peur de la mort. Pour certains, un chrétien ne devrait pas avoir peur de la mort. Pourquoi ? parce qu’il devrait être évident pour lui, pour lui qui est chrétien, pour lui qui croit au Christ ressuscité, il devrait être évident qu’il va ressusciter et que, donc, il pourrait dire devant la mort : même pas peur.

Mais croyez-vous que Jésus ait pu dire devant sa propre mort : même pas peur ! Même pas mal, en plus dans trois jours je ressuscite ?

Soyons sérieux. Jésus a peur, mais de quoi a-t-il peur ?

Jésus a peur que ses apôtres ne tiennent pas le coup. Il a peur que sa mère reste seule. Il a peur de ne pas avoir le temps de dire à St Jean qui est le seul apôtre qui soit resté jusqu’au bout : « voici ta mère ».

Jésus a peut-être peur que ça tourne mal. Que l’émeute embrase la ville, on n’en était pas loin et les Romains le craignait. Mais sa peur ne le terrorise pas, il reste un homme libre et un Dieu libre. L’homme Dieu donnera sa vie car il sait qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie. Il sait que le grain de blé tombé en terre meurt pour donner du fruit. Il sait que le don que l’on fait de soi-même est porteur de joie, d’espérance parce qu’il est porté par la charité.

Heureux êtes-vous. André Chouraqui en partant du texte hébreux, traduit : en marche. On pourrait dire : en avant, courage, il y a du bonheur à aller de l’avant.

Un chrétien peut-il avoir peur de la mort ?

J’en ai vu qui, se sentant partir, disaient leur difficulté à lâcher prise. Ils n’avaient pas peur de l’arrivée sur le tarmac du ciel, ils avaient peur de l’abandon qu’il faut faire pour alléger le départ.

J’en ai vu qui, sans difficulté visible et sans fanfaronnade disaient : je me croyais indispensable mais tout ce que j’aurais encore pu faire, d’autres le feront ; je serai tellement plus efficace là-haut.

J’en ai vu qui disaient : comment mes enfants se remettront-ils de ma mort ; mais qui le disaient dans l’espérance qu’ils accueilleraient la grâce de vivre.

J’en ai vu qui disaient : est-ce que je suis prêt ? d’autres encore : pourquoi moi ? comme s’ils n’avaient jamais vu que ça arrive à tout le monde.

En tout cas, aucun de nous ne peut se faire juge parce qu’aucun de nous n’est devant la réalité de sa propre mort même si, conscients ou non, nous sentons bien en vieillissant que ça s’approche et devons savoir qu’à tout moment, quel que soit l’âge, ça peut arriver. La mort peut arriver..

Saint Paul dit dans la lettre aux Philippiens : « Pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ;  mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. »

Disant cela il demeure dans une grande disponibilité devant le Seigneur et devant ses frères. Et cette question peut nous être posée, en tout cas à tous ceux qui sont en responsabilité familiale, professionnelle, civique. Et il ne faut pas l’éluder, même et surtout quand il faut lutter pour vivre.

Devant cette réalité de la mort, de la réaction des hommes devant la mort, devant nos propres réactions devant la mort, il n’en reste pas moins vrai que nous croyons en la communion des Saints.

Des gens qui prétendent qu’ils ne croient pas trop en Dieu, … mais un peu quand-même, disent qu’en pensant à « leurs défunts » ils se sentent aidés. Tous ne le disent pas, mais certains.

Nous, nous sommes appelés à croire que nous vivons dans la communion des saints. De tous les saints, des connus et des inconnus, des connus par nous, « nos défunts », des inconnus, des hommes et des femmes qui ont traversé ce monde sans être ni connus ni reconnus, et puis de ceux qui sont au calendrier liturgique, en bonne place. Parfois nos saints patrons, les Saints patrons de nos Églises, de nos paroisses. Et puis les grands : les apôtres, les saints célèbres. Et, tiens, parmi les grands il y a la petite Thérèse qui disait :

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre jusqu’à la fin du monde. »

J’aime bien cette parole (même si elle me fatigue un peu. Pensez-donc : travailler encore !)

Alors, avec ces 144 milliers, ces 12 fois 12 fois mille, cette multitude, soyons en marche sans peur et dans la joie, dans le bonheur d’aimer et de servir.

 Faisons ce que nous avons à faire : aimer. Travailler pour les autres. Ne pas craindre les obstacles du péché, ne pas craindre la mort source de vie ; ne pas craindre d’être associés au Christ qui vit les béatitudes et nous invite à le suivre.

N’ayons peur que d’une chose : c’est de ne pas être de bons disciples.

Fondons nos vies sur une réalité : nous sommes dans la communion de l’Église, celle de la terre avec ses bonheurs et ses malheurs, celle du ciel où beaucoup nous accompagnent car ils sont vivants pour que nous soyons vivants.

Dans la célébration de l’eucharistie laissons nous porter par le Christ et tous ceux qui l’ont suivi, qui le suivent aujourd’hui pour tourner le monde vers le Père, pour que les hommes soient conscients de leur fraternité universelle.

Père Gérard Faure +