Homélie du huitième dimanche du Temps Ordinaire Année C – Dimanche 2 mars 2025
Aujourd’hui, comme chaque dimanche, il nous est proposé un voyage dans la Bible, pour y découvrir un message qui éclaire, qui nous aide.
Nous pourrons faire attention à la question qui parcourt tous les textes choisis pour aujourd’hui : comment vérifier la qualité de nos paroles, de nos échanges ?Il s’agit, si on veut, d’une expertise.…
– Le sage, Ben Sira, (1ère lecture), donne quelques conseils judicieux pour discerner ce que révèle nos paroles. Attention : nos paroles peuvent nous juger !
– Dans le psaume, notre parole s’adresse à Dieu : nous continuons cette tradition immémoriale de nous adresser à Dieu, de Lui parler, de Le louer, et même en chantant : c’est notre bonheur aussi. Une joie à partager.
– En 2ème lecture, c’est le message d’espérance de notre résurrection future. Saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, nous encourage à être actifs dans la foi, à en témoigner. La peine que nous nous donnons n’est pas perdue.
– Enfin, dans l’Évangile de Luc, nous entendons Jésus, qui reprend la sagesse du Peuple de la première Alliance, pour nous inviter à parler avec justesse et vérité. D’ailleurs, pour savoir si notre cœur est bon, ce sera une vérification.
« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ! »
Que le Seigneur nous aide, transforme nos cœurs et nous éclaire. Que nous soyons ses disciples … et que sa parole soit entendue ! Que nous parlions de Lui, en vérité.
Puisque le Seigneur parle à chacun, à chacune, ensemble écoutons-le !
Demandons-lui de nous éclairer encore. Ce que dit le Seigneur est toujours nouveau : nouveau pour nous, puisque nous avançons dans le temps et que Jésus vient à notre rencontre pour nous parler, pour nous conseiller, pour nous aider, alors que nous traversons des situations nouvelles aussi. Et les mots déjà entendus peuvent être mieux compris aujourd’hui.…
Que nous écoutions aussi des témoins, qui sont parmi nous, et qui vivent de cette Parole, la Parole qui sauve. Ces témoins sont des exemples vivants, des exemples « parlants » de ce que produit en eux l’écoute de la Parole. Écoutons et regardons autour de nous…
Dans cette page d’évangile de Luc, nous lisons, qu’après l’annonce des Béatitudes (il y a deux dimanches), après les conseils pour aimer vraiment nos frères et nos sœurs, et mêmes « les ennemis », du moins, ceux qui ne sont pas d’accord avec nous (c’était dimanche dernier), voici, aujourd’hui, la suite, avec des conseils de Jésus au sujet de notre manière de parler entre nous :
Ces conseils, Jésus a dû les donner en plusieurs circonstances, mais ils sont rassemblés ici par l’auteur pour aider les premières communautés chrétiennes à qui l’évangéliste s’adressait. Et ces conseils nous rejoignent aujourd’hui.
Ainsi, nous avons d’abord cette question : « un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » en d’autres termes : ceux qui donnent des conseils aux autres pour les aider, sont-ils vraiment éclairés ?
Mais, si un disciple qui « n’est pas au-dessus du Maître », « est bien formé, il sera comme son Maître », il pourra (nous pourrons) conseiller utilement, et en vérité, les frères et sœurs.
Faisons bien attention : si nous jugeons les autres, acceptons-nous d’être jugés, nous aussi ? Les autres peuvent avoir, sur nous, un regard plus lucide. Acceptons, humblement, ce regard des autres sur nous ? Ils peuvent nous révéler quelques défauts, qu’il vaut mieux reconnaître pour les dépasser.
« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre, qui est dans le tien, tu ne la remarques pas ? »
Enfin, Jésus a repris la comparaison de l’arbre et des fruits : « un bon arbre porte de bons fruits. »
Quels fruits, nos paroles font-elles mûrir ? Quels effets, quelles conséquences, ont nos paroles sur les autres ?
Avons-nous « le cœur bon » pour prononcer des parole utiles, bienveillantes, constructives, humbles, qui peuvent avoir de bons effets ?
Voyez : il y a beaucoup à méditer sur ces textes qui nous communiquent une « sagesse » qui nous réjouit vraiment aujourd’hui, pour la paix de nos cœurs, pour notre joie, la joie du Seigneur à faire partager… justement par nos paroles, et par nos actes, qui sont aussi un langage, l’expression d’un cœur aimant, attentif.
Ainsi, pour reprendre tout ce que nous avons entendu, nous pouvons choisir trois résolutions :
1/ Acceptons de faire une opération-vérité, sur nos manières d’échanger, de parler. Qu’est-ce que cela révèle de nous-mêmes, de nos intentions profondes ? Nous avons plusieurs images (données dans la première lecture), qui peuvent nous éclairer :
– le tamis : si les paroles nous secouent, apparaissent les scories…
– le four du potier : si les paroles n’ont pas été bien tournées, le feu des échanges va révéler les insuffisances…
– l’arbre : si nos propos ne produisent pas de bons effets, c’est que sans doute, ils ne sont pas dans la vérité…
Acceptons, aussi, ce que les autres nous disent. Ce n’est pas toujours malveillant. Mais prenons garde de nous respecter mutuellement. Enlevons nos masques.
2/ Reprenons le travail de notre conversion personnelle, pour devenir, de plus en plus, enfants de Dieu… Nous allons avoir quarante jours, notre Carême, pour faire un travail intérieur, avec l’accompagnement du Seigneur lui-même :
– par la prière, où nous L’écoutons, pour retrouver la vérité,
– par le partage, où nous donnons et échangeons, pour aider et recevoir,
– par le jeûne, où nous nous privons pour retrouver l’essentiel : ces privations pour donner à ceux qui ont besoin, pour faire un vide pour écouter Dieu, et pour participer à la sauvegarde de notre planète.
Notre conversion se fait, nous le savons, par l’écoute du Maître, par l’accueil de la Parole de Jésus : peu à peu, il nous fait redevenir nous-mêmes, enfants de Dieu, frères, sœurs de tous… En Jésus, « bien formés » à son école, nous deviendrons comme lui.
3/ Enfin, revenons souvent à la lecture des Écritures, à l’écoute de la Parole de Dieu. Cette Parole est une bonne nouvelle. Ce n’est pas un « pensum » ; il ne s’agit pas de présentation de réprimandes sans fin qu’on nous imposerait. C’est un message qui dilate le cœur, qui renouvelle notre envie de vivre, dans le courage, la générosité… Oui, c’est une nouvelle de bonheur, une nouvelle à annoncer.
Bien sûr, nous le faisons déjà, selon l’inspiration du Seigneur, et avec son aide.
Qu’avec Lui, nous ayons le bonheur de « dire du bien » de Lui, de Le bénir, et de « dire du bien » de tous, et à tous !
Père Daniel Bertaud