Homélie du dimanche 16 février 2025
On raconte dans la Bible, dans le 1° livre des chroniques (21) et dans le 2° livre de Samuel (24), que David est puni par Dieu parce qu’il a compté les habitants de la Judée. Il est puni parce que c’était inutile, c’était par pur orgueil, comme les riches font pour savoir et surtout pour dire, comme si c’était glorieux : « Je suis dans le club des milliardaires »
Dieu aime chacun de nous, comme un père, une mère aime chacun de ses enfants. L’amour ne se partage pas, il se multiplie. On peut penser que Dieu est heureux quand je suis de ceux qui répondent à son amour et, oui : « quand on aime, on ne compte pas. » Dieu ne compte pas, son amour est pour la multitude comme le prêtre dit dans les paroles de la consécration « Ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude. » Il ne nous possède pas, si nous sommes possédés, c’est seulement par Satan, l’esprit du mal. Dieu ne nous possède pas, il nous rend libres.
Nous employons trop souvent un langage de possession. On ne peut pas dire : « J’ai la foi », on peut dire : « Je crois ». Samuel et Jean, et tous les autres catéchumènes, et vous tous, vous ne pouvez pas dire, nous ne pouvons pas dire : « J’ai la foi » Nous pouvons dire : « Je crois »
Car la foi, comme l’amour, n’est pas un acquis. La foi est un don. La foi, comme la vie, comme la grâce, est fluide. L’eau de l’Esprit Saint coule. Je ne peux pas retenir l’eau dans la paume de ma main, je ne peux pas compter sur un stock de grâce et d’ailleurs, nous disons chaque fois que nous prions : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Et quand nous demandons à Marie son intercession en reprenant la salutation de l’ange et les paroles d’Elisabeth à la visitation, nous rajoutons « Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant, maintenant. Aujourd’hui, maintenant. On ne stocke pas la grâce, on ne stocke pas l’amour, on ne stocke pas la vie.
C’est curieux comme, chaque fois que l’on annonce un problème collectif, une guerre, un virus, des grèves… Les gens stockent le sucre, le papier hygiénique, que sais-je encore, sans se soucier un instant des autres, par peur de manquer. On ne stocke ni la foi, ni l’amour, ni la grâce, Dieu donne cela chaque jour à qui veut bien le recevoir. Alors, les catéchumènes, apprenez cela pendant le temps de préparation au baptême et sachez ensuite faire ce qu’il faut pour devenir chrétien chaque jour. Devenir chrétien chaque jour. Et pour les vieux chrétiens, pour ceux qui pensent l’être depuis longtemps, cette phrase de Saint Augustin « Chrétien, deviens ce que tu es » cette phrase exprime tout le potentiel, les capacités que Dieu nous donne chaque jour depuis le don du baptême qui a ouvert le flot de la grâce en nous.
« Deviens ce que tu es » c’est donc laisser Jésus nous modeler, nous rendre disponibles à son action en nous. Pour être connecté à Jésus, retenez ces trois verbes : Prier – Réfléchir – Agir ! Demande la grâce de discerner à chaque instant ce que Jésus attend de toi ! Pense, à partir de ton expérience et des conseils de tes amis, de tes frères et sœurs dans la foi, à l’objectif et aux moyens de le réaliser ! Enfin, agis ! Ne reste pas collé à l’écran de ton portable ou allongé dans ton fauteuil à laisser le temps qui t’est donné s’écouler en pure perte. Agis, prends des risques, ose, et même dans les obstacles, les amertumes, les déceptions, les échecs, tu te rendras compte que tu es fait pour créer, pour servir, pour aimer parce que tu es fait pour cela, toi image de Dieu !
Oui, en faisant le Bien autour de toi, donne de la joie ; sers la Vérité en la pratiquant loin du mensonge ou du double jeu, donne ainsi de la paix ; et Aime, c’est-à-dire, contemple les personnes qui t’entourent, aime-les comme Dieu les aime, mets à l’écart les jugements, les commérages, les médisances.
Et ne dis jamais plus : « J’ai » Si tu as quelque chose, c’est qu’on te l’a donné, considère que ce n’est donc pas à toi. Si tu as trop, c’est que tu l’as volé car Dieu donne ce dont tu as besoin pour aujourd’hui. Ne compte pas le nombre de messes, le nombre de pèlerinages, le nombre de bonnes actions car rien de cela n’est satisfaisant. Tu as reçu de Dieu par les autres ? Par l’Église ? Par l’expérience ? Donne. Tu as eu besoin des autres ? Donne ! Les autres ont besoin de toi. Et ne dit jamais, assez ! Ne dis jamais « J’ai assez donné ». Ne dis même jamais « J’ai assez reçu ». Demande, et dis merci. On ne stocke pas, le stock ne s’épuise pas puisqu’il n’existe pas. Reviens chaque jour à la source : c’est ce que nous faisons aujourd’hui dans ce sommet de la vie chrétienne, l’Eucharistie. C’est là qu’on apprend à recevoir, c’est là que le chrétien apprend à donner.
Père Gérard Faure +
Pour télécharger l’homélie, cliquer ici
